Dissertation littéraire
« Lorsque j’étais une œuvre d’art » est un livre difficile à classer. On peut hésiter entre un roman surréaliste ou un conte philosophique. Quel est selon vous l’aspect dominant.
Dans une société de profits où la quête sempiternelle de perfection et de notoriété est reine, qui ne s’est jamais fait prendre, même de la forme la plus fugace que ce soit, au jeu pernicieux des apparences ? Susciter l’admiration, devenir objet et ce à n’importe quel prix, telle est la perversité assujettie par le vice contemporain du culte de la beauté. De là, peu s’en faut, dans un moment de faiblesse traduisant bien souvent un sentiment de détresse de l’âme, pour délaisser celle-ci au profit du mirage d’une enveloppe charnelle ; que nous voudrions toujours plus agréable et séduisante, mais qui ne se révèle jamais être à la hauteur de nos ambitions utopiques.
Telle est la déchéance dans laquelle est entrainé Tazio, protagoniste de l’œuvre « Lorsque j’étais une œuvre d’art » d’Eric-Emmanuel Schmitt. Le jeune homme, vivant dans l’ombre de ses frères idolâtrés par leur qualité de mannequins à forte visibilité médiatique, souffre en effet d’un grand manque de reconnaissance, intensifié par la médiocrité que lui inspire sa propre existence. Ainsi déçu par la trivialité de son image et ne pouvant plus se suffire d’une vie d’amertume, décide de mettre fin à ses jours.
Cependant, le destin du héros prend une toute autre tournure lorsque celui-ci rencontre, au moment-même de franchir le point de non-retour, un artiste excentrique et manipulateur du nom plus que révélateur de toute sa présomption : Zeus Peter-Lama. Ainsi, le misérable scelle un pacte avec celui qui lui promet une nouvelle image sans pareille qui lui apporterait prétendument gloire et prospérité ; en échange de son corps qu’il pourrait modeler selon son seul et unique bon vouloir.
Alors destitué de sa liberté, Tazio devenu Adam Bis, créature hétéroclite traduisant à elle seule