CAMUS :

"EN QUOI CET INCIPIT DONNE T'IL LE TON DE L'OEUVRE ?"

I_ Un incipit déconcertant:

1)Tout nous indique que c'est un roman or les conventions ne sont pas respectées:
-"aujourd'hui" = journal intime ,
-écrit sur le moment , marque temporel " demain , hier "
-journal reprit au cours de la journée , 2 temps : "je prendrais l'autobus" et "j'ai pris l'autobus" --> il y a une interruption dans l'écriture
-pauvreté stylistique , phrases courtes , l'auteur ne veut pas se lancer dans des prépositions complexes (5 phrases en 5 lignes) , asyndète (absence de connecteurs logiques et mots de liaisons) , phrases juxtaposée , pas de lien entre les phrases , impression heurtée , pas de fluidité . Marques de l'oralité , texte non littérale . L'auteur écrit un fil de la plume , comme ça lui vient .

2) Transgression des codes romanesques traditionnels :
-passé simple remplacé par le passé composé (inhabitudes pour le roman)
-incipit inmediasres (au milieu des choses) , on est plongé dans un contexte sans en avoir été avertit , tout est du comme allant de soi , c'est le propre du journal intime qui n'est pas censé être lu . L'incipit ne remplit pas sa fonction , le narrateur nomme des noms , un travail que l'on ne connaît pas . On apprend son nom par l'intermédiaire de sa mère "Mme Meursault" --> sentiment d'être à l'écart , de trop . On apprend par hasarde le contexte algérien , présence d'un patron=employé? (on ne sera jamais ce qu'il fait vraiment) . Le texte ne se préoccupe pas des attentes du lecteur.
-pas de description contrairement au roman habituel : micro portrait du directeur , mais pas des personnages , l'auteur ne semble pas vouloir nous séduire .
-ordre des choses brouillé contrairement au journal intime (chronologie) , "j'ai pris l'autobus à 2h" "j'ai mangé au restaurant" --> brouillage qui ne facilite pas la découverte , le narrateur dit tout sans trier , pas de choix . Il met sur le même plan des choses essentielles "maman est morte"