« La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal » nous disait La Rochefoucauld dans ses maximes, ou bien « la barbe ne fait pas le philosophe » nous informe le proverbe, tant d’expressions et de citations faisant de l’apparence, et plus généralement des apparences, un objet philosophique dangereux, trompeur et déceptif. De par ce point de vue populaire, le sens commun nous inciterait donc à nous méfier de ces apparences. Cependant, on peut définir les apparences par ce que le sujet perçoit de la réalité, et, de ce point de vue, l’apparence serait un échantillon de la vérité… Se demander s’il faut mépriser l’apparence au profit de la vérité revient finalement à d’une part se demander quel est le mode opératoire précis des apparences, et d’autre part se demander si elles sont effectivement à opposer systématiquement à la vérité, de façon à voir si cela peut nous amener à une certaine perception de la réalité (qui serait finalement le contraire de l’apparence). Tout d’abord il nous faut définir les termes : qu’est ce que l’apparence ? Le terme apparence devrait en fait être utilisé au pluriel : en effet, un objet existe à notre perception grâce à la pluralité de ses apparences : l’angle de vue, la lumière présente au moment de la vision de l’élément, son odeur… Le terme apparence est donc indissociable du verbe percevoir : l’apparence, c’est ce que nous, le sujet, percevons. Et c’est ici que nous nous rendons compte de la difficulté d’affirmer que tout ce qui est apparence est faux. Car la perception est ce qui nous fait exister : sans vue, ni odorat, ni ouie, ni toucher, ni goût, que connaîtrions-nous ? Tout notre savoir dérive de la perception, et donc de l’apparence. Dans le mythe de la caverne de Platon, les prisonniers, dont les chaînes peuvent d’ailleurs n’être considérées que comme métaphoriques, symboles de leur pseudo savoir, se sont fait leur analyse et leur idée du monde part leur vision : ils n’ont jamais vu que leur