Dissert
Introduction : “Voilà le sang du tyran !” C’est à ces cris que se disperseront les sans-culottes dans les rues de Paris, leurs mouchoirs trempés du sang du Louis XVI, tout juste guillotiné en ce matin du 21 janvier 1793. La démocratie, dans son commencement révolutionnaire, signe, semble t-il, l’arrêt de mort de la tyrannie. Mais force est de constater qu’un tel tyrannicide a pu sembler inaugurer, aussitôt, d’autres formes de despotisme peut-être plus anonymes mais tout aussi systématiques que celle que pouvait incarner un roi. Cette citation de Robespierre, instigateur de la Terreur et figure emblématique de la Révolution, illustre bien cette forme nouvelle et redoutable de tyrannie, branchée sur l’avènement autoritaire du principe d’égalité, et qui s’appella sans souciller terreur : "La terreur n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier qu'une conséquence du principe général de la démocratie appliquée aux plus pressants besoins de la patrie" disait-il, lors d’un discours du 5 février 1794. Il est vrai que le développement de la démocratie semble destiné à nous prémunir à tout jamais contre toute forme de tyrannie, celle-ci entendue comme exposition à l’arbitraire d’un pouvoir personnel. Non seulement, en effet, l‘égalisation des rapports sociaux entrave la constitution de positions de supériorité sociale et l’arbitraire du pouvoir qui en est l’accompagnement ordinaire, mais cette égalisation des conditions s’accompagne d’un développement croissant du règne de la loi qui, remplaçant le règne des hommes, place un pouvoir impersonnel et anonyme au-dessus de toutes les volontés particulières. La démocratie, c’est le règne anonyme de la loi en lieu et place de l’arbitraire des volontés. Cependant, force est de constater, d’une