Dissert'
Bien sûr, tout n'avait pas toujours marché comme elle l'aurait souhaité pendant toutes ces années; mais tout de même, cela lui faisait drôle de se retrouver seule. On lui avait pourtant souvent dit que c'était là le moment le plus pénible, le retour du cimetière.
Quand Germaine rentra chez elle, elle s'effondra de tout son long sur son vieux fauteuil, devant la cheminée, qui ne présentait aucun signe de vie.
Elle ne savait pas si elle avait eu raison d’assister à l’enterrement de Baptiste. Cet enterrement où elle avait dû se forcer pour adresser ses condoléances à Angèle, qui n'avait pas eu l'air ravi de la croiser, et durant lequel tout me monde l'avait regardé d'un mauvais oeil, comme s'ils savaient… Seule Angèle resta impassible.
Elle repensait à Baptiste, Baptiste et ses grands yeux bleus… Non, décidément, il n'était plus là, accoudé à la fenêtre, lui racontant ses labeurs de la journée passée à la vigne… Ni là, dans la cuisine, devant un café bien chaud, préparé minutieusement par Germaine…
Ces moments là étaient si rares et si précieux à ses yeux ! Germaine l'accompagnait parfois pour l'aider dans sa pénible tâche. Elle lui tenait ainsi compagnie, et tous deux parlaient de tout et de rien, des raisins tant attendus au soleil frappant, de leurs jeunes années à la crainte de vieillir trop rapidement, de l'arrivée du printemps à la Saint-Jean… Elle se rappela le jour où elle avait surpris cette entêtée de Cécile, un peu plus loin, en train de les épier. Elle n’aimait pas Cécile. La parfaite commère du village qui pouvait répandre tout et n'importe quoi sur son compte. C'était elle qui avait d'ailleurs propagé sa réputation de catin, et c'était à se demander comment Angèle avait pu échapper à son venin et ne pas soupçonner son tendre époux. C'était bien logique d'éprouver plus de haine que de sympathie envers une telle créatrice de réputation toutes moins mélioratives les unes que les