Diisertation
Luc Boltanski, Minuit, 1982 Introduction Comment définir les cadres ? Chacun sait ce qu'est un cadre, mais bien peu pourraient les définir. Le sociologue taxinomiste à le choix entre un objet délimité et construit pour la recherche (taxinomie logique) ou utiliser les catégories telles qu'elles se donnent (taxinomie naturelle 1) en recherchant à rationaliser les critères. Historiquement les cadres se sont construits à partir d'un groupe d'ingénieurs définis confessionnellement (catholiques) et professionnellement (l'industrie). Ensuite ce groupe a joué un rôle d'attracteur d'autres catégories démunies d'instances de représentation qui se reconnaissent dans la représentation officielle du cadre. Ce groupe n'est donc pas une "chose", mais un produit historique et social.
L'invention des cadres
La crise des années 30 et la mobilisation de la "classe moyenne"
Les mouvements de cadres sont nés dans les années 30 en parallèle avec les mouvements de classe moyenne, en réaction aux mouvements ouvriers. Corporatistes par opposition au collectivisme et au libéralisme pur (et anonyme), ces mouvements étaient lancés par la petite bourgeoisie indépendante et intégrait les ingénieurs et autres cadres. Institué par Vichy, reconnu après guerre, le mouvement des cadres prend de l'ampleur tandis que les mouvements de classes moyennes représentant des catégories en déclin disparaissent.
Une réaction à 1936
L'origine de l'utilisation du terme de cadre est liée au souci de restauration de l'ordre social après les grèves de 36. L'enjeu est de sortir de l'opposition marxiste capital / travail et de proposer une vision ternaire de la société centrée sur la classe moyenne, élément de stabilité entre capitalisme et collectivisme. Ce mouvement trouve ses sources dans le catholicisme social et le discours corporatiste issu du fascisme. Ces mouvements de classes moyennes sont intimement liés (par les idées et les personnes) aux mouvements