Diderot
Jacques le Fataliste et son maître, Denis Diderot.
« Il est bien évident que je ne fais pas un roman puisque je néglige ce qu’un romancier ne manquerait pas d’employer. Celui qui prendrait ce que j’écris pour la vérité, serait peut-être moins dans l’erreur que celui qui le prendrait pour une fable » p.52
Diderot écrit cette œuvre durant le 18e siècle, siècle souvent représenté par le Mouvement des Lumières et ses remises en question des fondations de la société. Au début de ce siècle, s’opposent roman « héroïque » à qui on reproche de ne pas être assez vrai, et roman « réaliste » qui est jugé comme parfois trop réaliste. C’est pourquoi le récit de voyage sera utilisé par plusieurs auteurs, car il permet d’écrire une histoire « vraie » en pouvant tout de même y ajouter une once de fiction.
Tout au long de son œuvre, Diderot va remettre en question son appartenance au genre romanesque, « mais ceci n’est point un roman, je vous l’ai déjà dit, je crois, et vous le répète encore. » (p.81). Il refuse son appartenance aux conventions d’un roman classique en écrivant une œuvre à la narration totalement déstructurée et non-conventionnelle.
Diderot ne va pas se contenter d’un seul récit du début à la fin, en effet, l’intrigue de base de Jacques et son maître faisant un voyage picaresque et Jacques racontant à son maître l’histoire de ses amours, sera sans cesse interrompue par le narrateur, partant dans d’autres histoires en parallèle.
Un lecteur qui s’attendrait à la structure d’un roman classique pourrait être très vite agacé par les intrusions du narrateur. Le récit de base semble presque interminable et on peut vite se perdre dans les différentes histoires racontées par le narrateur ou par les autres personnages du livre. Mais c’est ce qui différencie cette œuvre des ses contemporains, et qui la rend d’autant plus intéressante. Il néglige effectivement ce qu’un romancier ne manquerait pas d’employer car il ne se contente pas