Diderot discours d'un philosophe à un roi
Biographie : Diderot ( 1713 - 1784) s’engage très tôt dans une dénonciation des errements de la religion ( Lettre sur les aveugle, 1749) et connait comme Voltaire ‘emprisonnement mais lui a Vincennes. Il est un défenseur des droit de la personne ( La Religieuse, 1760) mais son apport majeur dans ce mouvement des lumière est son rôle d’animateur infatigable d’une grande ouvre collective : L’encyclopédie.
Texte : Sire, si vous voulez des prêtres, vous ne voulez pas de philosophes, et si vous voulez des philosophes, vous ne voulez pas de prêtres: car les uns sont par état les amis de la raison et les promoteurs de la science, et les autres les ennemis de la raison et les fauteurs de l'ignorance. Si les premiers font le bien, les seconds font le mal. Et vous ne voulez pas en même temps le bien et le mal.Vous avez, me dites-vous, des philosophes et des prêtres: des philosophes qui sont pauvres et peu redoutables, des prêtres très riches et très dangereux. Vous ne vous souciez pas trop d'enrichir vos philosophes, parce que la richesse nuit à la philosophie, mais votre dessein semble être de les garder. Mais vous désireriez fort appauvrir vos prêtres et vous en débarrasser. Vous vous en débarrasserez sûrement, et avec eux de tous les mensonges dont ils infectent votre nation, en les appauvrissant : appauvris, bientôt ils seront avilis, et qui est-ce qui voudra entrer dans un état où il n'y aura ni honneur à acquérir ni fortune à faire?Mais comment les appauvrirez-vous ? Je vais vous le dire.
Et si vous daignez m'écouter, je serai de tous les philosophes le plus dangereux pour les prêtres, car le plus dangereux des philosophes est celui qui met sous les yeux du monarque l'état des sommes immenses que ces orgueilleux et inutiles fainéants coûtent à ses États. Le plus dangereux serait celui qui lui dit, comme je vous le dis, que vous avez cent cinquante mille hommes à qui, vous et vos sujets, payez à peu près cent