Dictées de Bernard Pivot La ronde des mots Dans toutes les langues, jouer avec les mots est un passe-temps fort agréable, à la portée de tout le monde, des blancs-becs, des rimailleurs, des étudiants, comme des linguistes chevronnés et des académiciens tout de vert vêtus. Les mots sont des amis fidèles, des serviteurs zélés, qui se sont toujours prêtés à nos fantaisies, à nos manigances, à nos acrobaties intellectuelles. Les mots sont des cailloux, des bijoux, des cachous, des joujoux. Sauf homonymie, chaque mot a un son qui n’appartient qu’à lui. Il y a des mots moelleux et des mots âpres. Des mots bien-aimés et des mots dont la réputation est détestable. Des mots vifs comme des libellules et des mots lourds comme des hippopotames. Des mots discrets comme des violettes et des mots m’as-tu-vu. Mais, quels qu’ils soient, tous les mots, même ceux qui désignent les maux les plus effroyables de l’humanité, méritent d’être connus. A nous de faire prospérer ceux qui nous font honneur. La vie en chansons
Qu’on y susurre des romances melliflues ou qu’on y entonne a cappella les grands airs de l’opéra italien, le music-hall est un lieu magique. Comment ne serions-nous pas émus, voire bouleversés, par les films sépia, usés d’avoir été trop diffusés, où nous voyons Edith Piaf, les Beatles ou Oum Kalsoum chanter des refrains qui ont déchaîné les vivats et les hourras des foules ? Ils ne sont pas démodés puisque ce sont sont toujours des rengaines, des scies. Les adolescents savent-ils qu’on peut préserver son visage des redoutées acnés par l’écoute des vieux tubes ?
Bien des couples lambda aiment tant le music-hall qu’ils l’installent à leur domicile. Au début, ce ne sont que roucoulades, ariettes, barcarolles, sérénades énamourées, canzones enfiévrées, ballades de Chopin au retour de balades romantiques. Hélas ! Après s’être beaucoup plu, l’homme et la femme se sont laissé engluer dans des querelles de cohabitation et se sont de plus en plus souvent