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Il donne la parole à des personnages de fiction qui racontent, à la première personne, les étapes de leur vie :
– soit une ascension sociale (Marivaux, Le Paysan parvenu, 1735, et La Vie de Marianne, 1731-1741) ;
– soit une déchéance : on assiste à la dépravation morale d’un héros subissant des influences néfastes (l’abbé Prévost, L’Histoire de Des Grieux et de Manon Lescaut, 1731).
B Le roman épistolaire
Il croise la correspondance de plusieurs épistoliers. Le narrateur s’efface, les points de vue des personnages se confrontent ; c’est au lecteur de construire le sens.
Ce genre à succès répond à des visées différentes :
– dans Les Lettres persanes (1721), Montesquieu se sert du « regard étranger » pour examiner les mœurs françaises et critiquer la monarchie de Louis XIV ;
– dans Les Liaisons dangereuses (1782), Laclos, dévoilant les intrigues de deux libertins, montre les rouages d’une société basée sur l’hypocrisie ; La Paysanne pervertie ou les Dangers de la ville de Restif de la Bretonne raconte la déchéance progressive d’une paysanne venue à Paris.
Ce nouveau genre permet de mêler intrigue amoureuse et longues dissertations politiques ou morales, comme dans Julie ou la Nouvelle Héloïse de Rousseau (1761).
C L’anti-roman
L’Anglais Laurence Sterne, dans Vie et opinions de Tristram Shandy (1759-1767), joue avec le roman : le fil du récit, interrompu par des digressions constantes, se perd.
Diderot, dans Jacques le fataliste (1796), suit le même principe : le dialogue de Jacques et de son maître est sans cesse entrecoupé par des apostrophes au lecteur qui rappellent l’illusion de la convention romanesque et empêchent toute adhésion au récit.