Devoir de synthèse
Un soir, Christophe était à son piano, et jouait. Il s’était installé dans une étroite pièce mansardée, tout en haut de la maison, afin d’être moins dérangé par le bruit. Rosa l’écoutait d’en bas, avec émotion. Elle aimait la musique.... Tant que sa mère était là, elle restait dans un coin de la chambre, penchée sur son ouvrage, et elle semblait absorbée dans son travail ; mais son âme était attachée aux sons qui venaient de là-haut. Aussitôt que, par bonheur, Amalia sortait, pour une course dans le voisinage, Rosa se levait d’un bond, jetait l’ouvrage, et grimpait le cœur battant, jusqu’au seuil de la mansarde. Elle retenait son souffle et appliquait son oreille contre la porte. Elle restait ainsi jusqu’à ce qu’Amalia rentrât. Elle allait sur la pointe des pieds, prenant garde de ne faire aucun bruit ; mais comme elle n’était pas très adroite, et comme elle était toujours pressée elle manquait sou- vent de dégringoler dans l’escalier ; une fois qu’elle écoutait, le corps penché en avant, la joue collée à serrure, elle perdit l’équilibre et vint buter la porte avec son front. Elle fut si consternée qu’elle en perdit haleine. Le piano s’arrêta net : elle n’eut pas la force de se sauver. Elle se relevait, quand la porte s’ouvrit. Christophe la vit, lui jeta un regard furibond, puis, sans une parole, l’écarta brutalement, descendit avec colère, et sortit. Il ne revint que pour dîner, ne prêta aucune attention à ses regards désolés, qui imploraient un pardon, fit comme si elle n’existait point, et pendant plusieurs semaines il cessa complètement de jouer. Rosa en répandit d’abondantes larmes, en secret.
Romain Rolland, JEAN-CHRITOPHE
Page 38, TOME III
L’ADOLESCENT
I- COMPRĒHENSION (7pts)
1) Dans quel but Christophe s’était-il installé dans une étroite pièce, tout en haut de la maison ? (1pt)