Despotisme
Un tel pouvoir est certainement tout à fait absolu et donc despotique en tant que les sujets y sont esclaves, c’est-à-dire dépourvus de tout moyen juridique de résistance ; il est par conséquent aussi arbitraire puisque le souverain n’y reconnaît aucune loi. Mais cela ne suffit pas à en faire un pouvoir tyrannique car l’arbitre, absolument souverain, peut user au mieux de ses formidables prérogatives pour récompenser et punir sans délais ceux qui le méritent, sans qu’aucun imperium in imperio ne puisse prétendre l’en empêcher à des fins égoïstes de corps. Le pouvoir despotique et arbitraire peut aussi bien être celui de la raison que du caprice. Pour l’identifier au despotisme proprement dit, Montesquieu ne devra retenir que la seconde possibilité, c’est-à-dire nier les avantages du pouvoir absolu.
Si le despotisme est rationalisable, c’est d’abord parce qu’il obéit à un principe simple, à savoir l’impératif de jouissance auquel tout doit se trouver sacrifié, ce qui explique que le sérail soit sa vérité et que toute frontière entre les sphères publique et privée soit ici effacée.
Pourtant encore, Montesquieu semble parfois aller plus loin en désignant le despotisme comme un régime où, loin d’abolir la loi, on ne gouverne que par elle : ainsi sont-ce les lois qui « tyrannisent le Japon »