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Introduction
« Aquae Mortuae », qui signifie les « eaux mortes » est le terme donné à la cité d’Aigues-Mortes dans l’antiquité ; une appellation qui semble correspondre à son histoire. Beaucoup on dit de celle-ci, « que là-bas plus qu’ailleurs le mort saisi le vif ».
Cette ville de bord de mer, au cœur de la Camargue est emprisonnée par les étangs et les marécages. Isolée du reste du royaume par cette barrière naturelle, elle garde contact avec l’extérieur grâce à son port qui joue un rôle important dans la dynamique de la ville.
L’endiguement d’Aigues-Mortes a façonné une forte identité collective de la population, qui s’est consolidé par l’exploitation des marais. Le levage du sel, aussi appelé « or blanc » à cette époque, est au centre de l’économie de la ville. Son exploitation nécessite chaque année un besoin important de main d’œuvre saisonnière et donc de migrants. Par la proximité géographique et pour de nombreuses autres raisons, les migrants italiens sont les plus nombreux à Aigues-Mortes, en particulier les Piémontais et les Toscans.
Or depuis 1882, l’Italie a signé une alliance « la Triplice », avec l’Allemagne et l’empire austro-hongrois, ce qui l’oppose directement à la France. Et Giolitti qui est désormais au pouvoir se confronte en plus de cela a la France dans un conflit colonial concernant l’Ethiopie. Les relations entre les deux pays sont tendues et le racisme sévit de chaque côté des Alpes.
Lorsque des révoltes ouvrières anti-italienne éclatent un peu partout en France comme à Marseille en 1881, la paix entre les deux pays n’est pas réellement menacée. Mais le pogrom d’Aigues-Mortes en 1893 (émeute sanglante dirigée contre une minorité ethnique ou religieuse) est le premier grand pogrom de l’histoire contemporaine de la France et surtout le plus dangereux. Il reste celui qui a marqué les mémoires et qui est passé très près d’une déclaration de guerre.
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