Desirs
Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ?
Ce beau sujet a été donné l'an passé à l'épreuve de philosophie du bac scientifique français. Je ne résiste pas au plaisir de vous le traiter à ma façon...qui m'aurait sans doute valu une note éliminatoire.
Tout comportement humain, autre que réflexe, est affaire de motivation faisant intervenir différentes parties du système nerveux central, les émotions, la mémoire et l'expérience culturelle et historique du sujet. Les actions déclenchées par ces motivations tendent normalement à maintenir la structure l'organisme ou à assurer la survie de l'espèce. Le désir de nourriture, par exemple, résulte d'une synthèse neuronale entre une pulsion interne d'un centre de la faim de l'hypothalamus, une mise en oeuvre sous la double action des mécanismes assurant les rythmes du cycle quotidien et du système limbique qui, par les émotions positives ou négatives associées à la représentation mentale de la "réalité" de la nourriture disponible, renforce ou inhibe le "désir" induit par la pulsion interne. En retour, un centre de la satiété, de l'hypothalamus lui aussi, inhibe cette pulsion quand les sens périphériques mesurent la satisfaction ou l'impossibilité de poursuivre l'action. Dans cette affaire, la trop célèbre "hypoglycémie" ne semble intervenir de manière appréciable que dans les cas de privation prolongée de nourriture, lorsque l'organisme est en danger, ce qui n'est pas notre quotidien. La satisfaction du désir de nourriture repose donc sur un ajustement entre deux impératifs, l'un biologique et l'autre culturel : les vivres accessibles doivent pouvoir satisfaire les besoins nutritifs et récompenser leur consommateur ; leur représentation par les organes des sens doivent les rendre attractifs et ainsi ajuster la représentation culturelle de la nourriture désirée à la pulsion biologique de faim. De tels mécanismes sont évidemment faciles à détourner par des conditionnements socio-