Design culinaire esad
Extrait d'entretien: Culinaire design, mode d'emploi
Pourquoi la gastronomie doit-elle faire appel au design ?
J'estime que c'est tout à fait naturel. La cuisine est la dernière discipline à ne pas avoir eu accès au design. On ne se pose pas la question quand un éditeur de meubles fait appel à un designer pour concevoir une chaise. Dans les métiers de bouche, ce n'est pas encore vraiment accepté même si cela suscite beaucoup de curiosité chez les grands chefs. C'est dû au corporatisme et au poids de la tradition.
Le designer se doit de recodifier la cuisine, l'analyser différemment du principe empirique des recettes. Tout est possible. L'intérêt est d'avoir des visions et des positionnements différents, créer de nouvelles façons de voir les choses.
Le design culinaire permet un renouveau nécessaire en apportant un esprit d'ouverture. Précisons qu'il ne s'agit pas uniquement de mise en forme plastique, cela peut être un gestuel, une mise en scène, un concept, de la narration écrite ou verbale...
Le design entretient-il la dimension humaniste internationale de la cuisine ?
À part dans « Le Voyage de Gulliver » où l'on se fait la guerre pour savoir de quel côté manger l'oeuf à la coque, la cuisine est avant tout un échange. Tout comme la musique, elle a une dimension internationale. Il existe dans la gastronomie des particularismes forts et des identités régionales marquées qui échappent à la mondialisation, malgré l'avènement de grands groupes agoralimentaires dans la restauration. C'est une discipline hautement identitaire et communicative qui se passe du langage. Le vin est un bon exemple de cette notion de relation au terroir. Il réunit les sols, les plantes, les hommes et les caprices du ciel. Le commerce équitable participe également à cette réappropriation des richesses locales. Je pense que l'on mange de mieux en mieux et que nous sommes de plus en plus informés sur ce que nous consommons.
Quelle est la mesure de la