Des souris et des hommes le film
I) En 1937, John Steinbeck écrit l'un des plus beaux romans consacrés à la Grande Dépression économique. En Californie, Lennie et George, deux ouvriers agricoles, vont de ferme en ferme, de drame en drame. C'est l'échec des humbles, que peint Steinbeck, trop petits pour se mesurer au grand rêve américain. George, c'est l'amitié fidèle, le courage, la ténacité. Lennie, le géant fruste qui ne peut aimer sans tuer, c'est l'innocence impossible. En Amérique, aujourd'hui, les sans-abri sont devenus légion. On peut donc penser que cette nouvelle adaptation (1) n'arrive pas par hasard. Gary Sinise joue la carte de la reconstitution méticuleuse. Sa mise en scène se borne à de belles images, et l'on sent plus la blondeur des champs de blé sous le soleil que le désespoir des exploités. Reste que la scène du meurtre est d'une belle sobriété. Gary Sinise est parfait dans le rôle de George. Et John Malkovich ne charge jamais dans celui pourtant écrasant ! de Lennie. Bernard Génin (1) En 1939, Lewis Milestone en avait déjà tourné une version avec Burgess Meredith et Lon Chaney Jr.
II) En 1998, Gary Sinise s'imposait à notre attention au festival de Cannes lors de la présentation en compétition de son premier film, "Miles from home" (Rien a perdre), qui ne devait sortir à Paris que trois ans plus tard. Au dernier festival de cannes, sa deuxième réalisation ""des souris et des Hommes" le confirmait comme l'un des cinéaste les plus interessants de la nouvelle génération. Contrairement à nombre de ses contemporrains les plus talentueux (Tim Burton, les frères Coen, Quentin Tarantino), qui travaillent sur les genres, pratiquent le second degré ou l'ironie critique, Sinise s'inscrit dans une tradition classique comme héritier du grand cinéma d'outre-Atlantique.
Mais à notre époque, le clacissisme séduit moins les critiques que la modernité. Il peut certes être un refuge pour les paresseux comme la modernité pour les imposteurs, mais ce qui