Denis diderot
Diderot marque par sa culture, son esprit critique, sa puissance de travail et un certain génie. Il laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires auxquels il s'est essayé : il pose les bases du drame bourgeois au théâtre, il révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste, il invente la critique à travers ses Salons, il est le maître d'œuvre d'un des ouvrages les plus marquant de son siècle, la célèbre Encyclopédie. En philosophie également, Diderot se démarque en proposant plus de la matière à un raisonnement autonome du lecteur qu'un système complet, fermé et rigide. Rien en fait ne représente mieux le sens de son travail et son originalité que les premiers mots de ses Pensées sur l'interprétation de la nature (1753) :
« Jeune homme, prends et lis. Si tu peux aller jusqu'à la fin de cet ouvrage, tu ne seras pas incapable d'en entendre un meilleur. Comme je me suis moins proposé de t'instruire que de t'exercer, il m'importe peu que tu adoptes mes idées ou que tu les rejettes, pourvu qu'elles emploient toute ton attention. Un plus habile t'apprendra à connaître les forces de la nature; il me suffira de t'avoir fait essayer les tiennes. »
Mal connu de ses contemporains, éloigné des polémiques de son temps et des conventions sociales, mal reçu par la Révolution, il devra attendre la fin du XIXe siècle pour recevoir enfin l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs.
Au début de l'année 1743, s'opposant à son mariage, son père le fait enfermer quelques semaines dans un monastère près de Troyes. Il s'en échappe et en novembre épouse secrètement Anne-Antoinette Champion (1710-1796) le 6 novembre 1743 en l'église Saint-Pierre-aux-bœufs[2]. Ce mariage ne sera pas heureux : Diderot est infidèle (sa première liaison, avec Madeleine de Puisieux, est