Delocalisation
DÉLOCALISATIONS SUR L’EMPLOI :
LE CAS FRANÇAIS
Mesurer l’impact net des délocalisations sur l’emploi est un exercice qui nécessite non seulement de prendre en compte les destructions d’emplois liées au transfert de tout ou partie des activités productives d’une entreprise à l’étranger, mais également les créations d’emplois attachées aux investissements directs étrangers. À cet égard, la grande majorité des études concernant la France concluent à un solde positif. Il est vrai que ces études s’appuient sur des méthodes d’évaluation très indirectes et donc discutables. L’évaluation des destructions d’emplois liées aux délocalisations suppose de pouvoir isoler les suppressions d’effectifs imputables directement aux délocalisations de celles plus largement imputables aux stratégies d’externalisation des entreprises1 guidées par la recherche d’une spécialisation plus rentable face à une concurrence accrue.
1 L’externalisation consiste à confier à une autre entreprise une tâche précédemment réalisée en interne (nettoyage, comptabilité…).
Une étude de l’Insee2 basée sur des données individuelles d’entreprises propose, dans ce sens, de considérer qu’il y a « présomption » de délocalisation lorsqu’une entreprise réduit ses effectifs et augmente, de manière concomitante, ses importations du type de biens qu’elle produisait en France, soit par soustraitance, soit par création d’une filiale. Sur cette base, l’Insee estime que les délocalisations expliquent une perte annuelle de 0,35 % des emplois industriels, soit en moyenne, 13 500 emplois supprimés en France chaque année sur la période 1995-20013.
Ce type d’estimations des destructions d’emplois liées aux délocalisations n’est cependant pas complètement satisfaisant dans la mesure où il n’est pas tenu compte du fait que l’entreprise fortement concurrencée, qui choisit de maintenir son activité sur une base domestique, peut se trouver contrainte, à terme, de réduire