Deja La Nuit En Son Parc
p. 263 (ES/S et Techno) p. 265 (L/ES/S)
LECTURE ANA LYTIQUE
La composition du poème
Ce sonnet en décasyllabes est un modèle du genre : les deux quatrains forment une unité forte puisqu’ils mettent en place le décor dans lequel le poète va voir surgir la femme aimée. Cette unité est bien mar- quée par l’anaphore de « déjà » en début de quatrain, prélude à l’évocation d’un cadre enchanteur, et d’un moment privilégié : la naissance du jour. Les tercets de leur côté introduisent une autre unité thématique autour de la figure de la femme : la subordonnée de temps introduit une rupture, comme le marque aussi le changement des temps : de l’imparfait de descrip- tion (« amassait », v. 1 ; « rougissait », v. 5) au passé simple (« je vis sortir », v. 10). Dans ce sizain aux rimes conventionnelles, des termes forts sont asso- ciés à la femme aimée et contribuent à la mettre en valeur : l’adjectif « vive » (v. 9) à l’intérieur d’une com- paraison méliorative, le gérondif « en riant » (v. 11) qui montre cette femme tout dans le mouvement, enfin le terme « Aurore » (v. 12) qui renvoie ici à la déesse de la mythologie gréco-latine. On peut donc parler d’idéalisation de la femme aimée.
Le décor
Les deux premiers quatrains sont riches en indica- tions de temps, car le poète insiste ici sur le mouve- ment même du temps qui s’écoule et voit naître le jour. Le premier quatrain évoque ainsi la fin de la nuit, au moyen d’une image traditionnelle, emprun- tée à la mythologie : la nuit est ainsi la déesse mon- tée sur son char, précédée de « noirs chevaux » (v. 4). Les verbes d’action, mis à la rime, « amassait » (v. 1) et « chassait » (v. 4), donnent du dynamisme à la scène, tout comme la métaphore filée du berger qui rassemble « un grand troupeau d’étoiles » (v. 2). Une ambiance de clair-obscur se met ici en place, un peu mystérieuse : « la nuit » (v. 1) et « ses noirs chevaux » (v. 4) forment contraste