Decision d investissement
Anne Pezet
La décision d’investissement occupe une place singulière dans la littérature de gestion. Décision éminemment stratégique dans bien des cas[1], elle intéresse avant tout le champ de la finance. Il n’est qu’à voir le contenu des ouvrages standard dans les deux spécialités pour apprécier la forte tonalité financière du traitement de l’investissement en gestion. Celui-ci correspond cependant peu aux pratiques et à l’impératif d’exercer un contrôle qui ne soit pas qu’a priori sur l’ensemble d’un processus complexe. Au point de vue classique synchronique, et limité dans l’espace, nous voudrions ici substituer une perspective temporelle et spatiale plus étendue afin de mieux comprendre, et par conséquent de mieux maîtriser, la nature d’un acte complexe. Nous définirons ainsi l’investissement comme le processus qui aboutit à une consommation de ressources (monétaires ou non) et qui incorpore un gain potentiel futur, ce gain pouvant être financier, économique, social, politique, culturel ou symbolique. Ainsi l’examen des questions du temps et de la nature de l’investissement rendront possible la maîtrise d’un processus complexe. Cette maîtrise est d’autant plus nécessaire que l’ensemble des microdécisions d’investissement des entreprises détermine le niveau macroéconomique de l’investissement.
1. La question du temps
L’approche financière de l’investissement est par essence atemporelle même si de nouvelles démarches tentent d’introduire flexibilité et réversibilité dans la décision. Une conception diachronique de l’investissement sera ici proposée afin d’assurer la maîtrise de l’ensemble du processus.
1. Les limites d’une approche synchronique
La décision d’investissement telle qu’elle est traitée en finance en particulier se présente comme une décision quasi ponctuelle sans prise en compte du temps autrement que dans les calculs de gains actualisés. La théorie financière est