Decentralisation au Burundi
Pour réussir la décentralisation au Burundi : s’attaquer frontalement aux obstacles systémiques Par
Dr Elias SENTAMBA, Chercheur professionnel,
Volet « Gouvernance et Développement Institutionnel »
Technologie administrative de facture occidentale, la décentralisation a été transposée pour la première fois sur le continent africain en général et sur le Burundi en particulier par les administrations coloniales, malheureusement au moment précis où ces dernières se retiraient des colonies, lors des indépendances. Elle a alors été « manipulée » par des acteurs qui n’en avaient jamais connu le mode de gestion in concreto et ce pour la première fois. Puis, des acteurs successifs l’ont bricolée comme ils ont pu au fil du temps, la confondant, pour des raisons d’autolégitimation politique notamment, avec la déconcentration. Et lorsque de véritables lois de la décentralisation ont enfin été mises sur pied, les habitus administratifs ont eu la vie dure, tout se faisant comme s’il fallait appliquer la leçon de morale de Tancrède1 : « tout changer pour rester pareil ». C’est de cette impasse que la présente note propose de sortir.
Après avoir fait le point sur la politique de décentralisation au Burundi (I) nous procéderons à une conclusion suivie de quelques recommandations (II).
I. La politique de la décentralisation dans l’impasse
Après avoir
rappelé brièvement la notion de décentralisation en tant que technologie
administrative, nous allons montrer combien son application au Burundi n’a cessé de s’enliser, des années soixante à nos jours.
1
Un des personnages du fameux roman de Giuseppe de TOMASI : TOMASI (G. de), Le Guépard, Paris, Ed. Le
Point, 1958 (traduit de l’italien).
2
1. Rappel sur le concept de décentralisation
Bien qu’assez galvaudé par le discours politique, le concept de « décentralisation » ne mérite pas moins d’être rappelé. Et pour cause, une certaine confusion plane entre deux notions aux