De l’autre côté du mur
J’ai été assommé par un bruit assourdissant. C’était encore une bombe humaine. J’en avais pris l’habitude, depuis le temps que j’en vois qui se font exploser à tous les coins de rues. Pendant quelques courts instants, j’ai perdu toute notion de temps et d’espace. Je ne reconnaissais plus rien, plus personne. J’ai regardé ce bébé que je tenais encore dans mes bras et que j’avais du mal à présent à reconnaître. Et puis tout à coup, quelqu’un m’a agrippé le bras et m’a porté. J’ai fait tomber le bébé. Ses vêtements étaient tâchés de sang, son visage aussi. La balle l’avait touché à la tête.
L’homme m’a crié de rouvrir les yeux, de tenir bon, qu’on allait bientôt arriver à l’hôpital. Quand je suis revenu à moi, c’est là que j’ai réalisé l’étendue des dégâts. Avec ce regard que l’on a lorsqu’on se retrouve dans un endroit qu’on ne connaît pas, j’ai interrogé cet inconnu qui me portait. Sans réponse, j’ai regardé à nouveau : des morts et du sang. De la fumée. Du sang partout. Des ruines aussi. Et du sang. Encore. Où sont les habitations ? Les commerces ? Où sont mes parents ? Et ma sœur ? …
Je me rappelle… Ce bébé, c’était elle. Pourquoi l’avoir laissée là ? Pourquoi ne pas l’avoir emmenée avec nous ? On aurait pu la sauver… Non. Il y avait du sang partout. Elle ne bougeait plus. Elle avait perdu une partie de son visage à cause de la balle. Quand bien même elle respirerait encore, on n’aurait pas pu lui sauver le visage ; elle était complètement défigurée. Et papa et maman n’ont pas les moyens de payer un chirurgien plasticien.
Papa. Maman… Je me rappelle. Je les ai vus mourir. Ils sortaient de l’épicerie. Ils n’ont rien fait de mal. Ils m’ont juste crié de courir. Mais pour aller où, rétorquais-je ? Cours !
Je me souviens de ce