De l’art statuaire à l’art processuel : le monument produit-il une adhésion publique ?
Dès la première moitié du XXème siècle, on constate un mouvement progressif de rupture des artistes ainsi que leur pratique avec les normes et traditions préétablies, notamment de l’art statuaire. S’en suivra par exemple la désertion des lieux sacralisés de l’art que sont les musées ou galeries pour l’espace public, les villes, campagnes. Ce déplacement du lieu d’exposition se fait parallèlement à un changement plus profond de définition de l’art et de l’artiste au XXème siècle : on s’oppose à la tradition pour désacraliser l’art et intervenir dans la ville, questionner le concret, le quotidien, le réel-même. Dans la réflexion qui suit, il est à noter que je prendrai le parti de considérer l’art statuaire comme s’opposant à l’art processuel dans le sens d’une chronologie : je positionnerai l’art statuaire comme un art de l’espace public « traditionnel » s’opposant donc à l’art processuel qui apparait et envahit l’espace public dans les années 60. L’art statuaire a encore au XXème siècle une place importante dans les villes : considéré comme traditionnel, peut-être produit-il facilement l’adhésion publique. La seconde moitié du XXème siècle est une période de contestation générale, la ville se transforme avec l’industrialisation et la mondialisation. Ainsi, l’espace public lui-même change et influe sur la question de l’adhésion publique ainsi que sur les pratiques artistiques en lien direct avec ces lieux extérieurs ? Enfin, peut-on parler d’une adhésion publique pour des œuvres d’art processuel intervenant dans l’espace publique ? Le but des artistes est bien d’y intervenir mais c’est le statut complet du spectateur et donc de l’adhésion qui changent en même temps que ces pratiques les questionnant…
Alors qu’au début du XXème siècle voire à la fin du XIXème siècle croît petit a petit un gout des artistes pour le réel, le quotidien, il est important de noter la place