De big mac a big brothers
Sait-on qu'on compte à Londres pas moins d'une caméra de surveillance pour quatorze habitants - un record mondial -, un Londonien pouvant être filmé jusqu'à trois cents fois par jour, dans le métro, les banques, les magasins, à son travail et dans la rue ? Sait-on aussi que chaque fois que nous consultons un site sur le Net, nous laissons des traces magnétiques de ces contacts et que, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France, une loi oblige les fournisseurs d'accès à conserver ces données et à les mettre sur demande à la disposition de la police ? Sait-on enfin qu'à Paris le pass « Navigo » de la RATP enregistre nos heures d'entrée et de sortie du métro, avec les stations correspondantes ? Bientôt couplé à nos téléphones mobiles, il permettra, dans un proche avenir, à l'aide de GPS sophistiqués, de déterminer, à chaque seconde, où nous nous trouvons au mètre près et, par recoupement, qui nous avons rencontré, avec qui nous avons déjeuné ou dîné... Toutes ces innovations technologiques censées nous « rendre la vie plus facile » rendent aussi plus aisée notre surveillance. Dans un ouvrage très documenté, Armand Mattelart, spécialiste de l'histoire des communications, suggère que, s'il s'est accru depuis le 11 septembre 2001 et la lutte contre « le terrorisme international », ce contrôle est une tendance de fond de nos sociétés, qui a commencé au xixe siècle avec l'anthropométrie judiciaire, puis avec l'instauration de la carte d'identité et enfin toutes les mises en fiche des individus. Une situation qui fait peser sur nous le spectre d'un véritable totalitarisme démocratique, aussi étouffant que les totalitarismes idéologiques du xxe