Crise financière
Dominique Lacoue-Labarthe
Professeur de Sciences économiques à l’université Montesquieu Bordeaux IV, Lare-efi (1)
Le retour plus ou moins régulier de crises financières nous reporte au moins au XVIIIe siècle, ou même avant. Parmi les cas célèbres (2) figurent la faillite de la Compagnie du Mississipi, l’échec de la Banque générale et de la Banque royale de Law en 1719-1720, la faillite de l’Ayr Bank anglaise en 1772, etc. En fait, ces épisodes de nature diverse ne correspondent pas tous à des crises financières au sens où les économistes entendent aujourd’hui cette expression, parce que les perturbations sont restées cantonnées dans la sphère financière. Au contraire, les crises financières systémiques ont un impact direct sur l’activité économique réelle.
La crise financière, née de la dépréciation des crédits logement à risque – les « subprimes » – aux États-Unis, a réveillé depuis 2007 une opinion bien établie selon laquelle cette crise, comme celles qui l’ont précédée, était inévitable. Le mécanisme serait le suivant : pour résoudre une crise financière et sortir de la récession qui l’accompagne, les banques centrales alimentent les marchés en liquidités afin d’éviter l’effondrement des crédits dont les entreprises ont besoin pour financer les investissements. Mais, en maintenant trop longtemps des taux d’intérêt bas et des facilités d’endettement abondantes, les autorités monétaires créent les conditions d’une nouvelle bulle qui enfle avant d’éclater à son tour. À nouveau, les autorités de supervision voudront résoudre la crise, notamment en réglementant plus strictement le secteur d’activité sinistré. Les agents se tourneront alors vers d’autres actifs encore sous-évalués et peu surveillés. Les crises s’entraînent ainsi les unes et les autres (3) sans que rien ne permette de les éviter. En outre, leurs modes de résolution ne feraient qu’accroître la gravité de la crise suivante et le coût collectif des