Corneille Bac Corriger
Par Julie Cuvillier, professeur de lettres www.education-et-numerique.org Cette scène de l’acte V constitue le nœud de la pièce en ce qu’elle donne à voir le moment où Médée bascule dans la folie meurtrière.
Les tourments de Médée, divisée entre sa volonté de se venger et l’amour qu’elle porte à ses enfants, y sont exposés. Cependant, progressivement sa fureur et sa haine vont l’amener à justifier l’injustifiable avant de commettre l’impensable.
I. Une femme outragée
a) Une femme tourmentée
Le choix de donner à cette scène la forme d’un monologue met en valeur le dilemme auquel elle est en proie. La violence de ses sentiments apparaît par la multiplication de différents types de phrases : phrases interrogatives, qui sont des questions oratoires (v.1 et 4), phrases exclamatives (v. 5,6) et injonctives (v.2, 7, 21, 29, 32). Le champ lexical de la colère reflète également l’intensité de ses émotions : « transports » (v. 2), « fureurs » (v.4),
« fureur » (v.17), « colère » (v.19).
b) Une femme divisée
Cependant, les sentiments qui l’animent sont contradictoires. Les connecteurs d’opposition (« Mais ») le font apparaître aux vers 11, 15 et 26. Le fait qu’elle soit déchirée entre deux passions est également visible à travers les nombreuses antithèses qui structurent le monologue de Médée : « innocents »/ « criminels » (V.11-12) ;
« audace »/ « pitié » ; « J’adore les projets qui me faisaient horreur » (V.18) ; « amour »/ « colère » (v. 19). Les expressions par lesquelles elle désigne ses enfants reflètent aussi à quel point ses sentiments s’opposent : elle les appelle « des enfants que je ne verrai plus » au vers 22 et « chers fruits de mon amour » au vers suivant.
c) Une femme dépossédée d’elle-même
De plus, la force de sa colère s’incarne dans la figure de la vengeance personnifiée à laquelle Médée s’adresse aux vers 1 et 2, par une apostrophe oratoire (« ma vengeance »). De