Conseils pour analyse filmique
Le choix du film devient dès lors un problème capital. J. Aumont (1996) conseille à juste titre de se porter vers un film qui possède deux qualités, celui d'être un bon candidat à l'analyse (il a une « vertu d'exemplarité, qui en fait une solution remarquable à une question générale d'esthétique, de théorie, d'histoire ») et aussi un candidat séduisant (il est « pour moi une énigme et un défi », « il exerce sur moi un véritable attrait »). Après le choix du film, celui de la séquence. Les débuts de films sont des objets appréciés des analystes qui ne sont pas à l'aise avec la segmentation : au moins a-t-on forcément le seuil de départ, à défaut de celui d'arrivée.
Lorsque la séquence est projetée, il est prudent de prendre des notes sans quitter une seule seconde l'écran des yeux : il sera plus facile ensuite de décrypter tranquillement une phrase gribouillée à l'aveugle que d'avoir à reconstituer un plan manquant. Une fois la projection terminée, il est tout aussi prudent de consacrer un peu de temps à réfléchir à l'organisation de la copie. En ce qui concerne le plan à adopter, il n'y a pas de règle. Ce livre (cf L'analyse de Séquence) a choisi de séparer quoi/comment/pourquoi, présentation imparfaite puisqu'elle échoue à rendre compte de la simultanéité et de la verticalité du récit cinématographique. On peut couper différemment, séparer par exemple l'étude de l'image et celle du son, procéder plan par plan, ou bien personnage par personnage, ou décor par décor : la verticalité est préservée, mais les divisions horizontales apparaissent surdéterminées. On peut séparer suivant les espaces décrits, les actions, les concepts, tout est permis, et il n'y a pas de manière meilleure qu'une autre ; le plus sage est de poser une hypothèse de départ, puis de conduire l'analyse de la manière qu'on veut, avant de conclure sur la validité de l'hypothèse. Toujours se poser ces questions.... Quoi ? Que me raconte-t-on ? De