Dans la recherche d'un fondement absolu de vérité, nous devons douter de tout, même de notre propre corps ; or, la première certitude à laquelle nous parvenons est celle de notre propre conscience : "Je pense, je suis" (Discours de la Méthode) ; l'ego cartésien constitue donc notre première certitude : l'individu est sa propre conscience, il est un "moi". Cette identité première constitue la certitude première à partir de laquelle peut s'édifier l'édifice du savoir théorique. Le Je est ainsi saisi sur le mode de l'évidence intuitive, mais il ne constitue pas, à proprement parler, une connaissance, car il ne constitue pas un contenu donné : je sais que je suis, mais je ne sais pas quel je suis. En ce sens, la réflexion de la conscience sur soi permet une identification de soi à soi, mais elle ne constitue pas une connaissance donnée, c'est-à-dire une représentation précise d'objet. III. Se connaître soi, c'est toujours déjà échapper à ce que l'on est véritablement : non un Je, précisément, mais une conscience absolue (Sartre). L'égoïté ne constitue pas la vérité de mon être. Car la vérité de mon être, c'est la conscience, la conscience absolue qui surplombe le monde et qui le révèle à lui-même comme monde pour moi. Or, ce "moi", ce "je", n'est que la saisie de la conscience par elle-même sur le mode de la réflexion : je suis ce que je me saisis comme tel, mais cette saisie ne se fait jamais que par l'intermédiaire d'un "je" réifié. Ma conscience se perd elle-même lorsqu'elle se saisit sur un mode psychologique, parce qu'en procédant comme tel elle perd son absoluité originaire, là où elle est originairement liberté