Commentaire
Une scène de jalousie Les circonstances Un interrogatoire / une enquête
Une crise de jalousie M. De Clèves : l'emportement de la passion Mme de Clèves : les sentiments
" Il alla d'abord dans la chambre de sa femme, et après lui avoir parlé quelque temps de choses indifférentes, il ne put s'empêcher de lui demander ce qu'elle avait fait et qui elle avait vu ; elle lui en rendit compte. Comme il vit qu'elle ne lui nommait point monsieur de Nemours, il lui demanda, en tremblant, si c'était tout ce qu'elle avait vu, afin de lui donner lieu de nommer ce prince et de n'avoir pas la douleur qu'elle lui en fît une finesse. Comme elle ne l'avait point vu, elle ne le lui nomma point, et monsieur de Clèves reprenant la parole avec un ton qui marquait son affliction :
- Et monsieur de Nemours, lui dit-il, ne l'avez-vous point vu, ou l'avez-vous oublié ?
- Je ne l'ai point vu, en effet, répondit-elle ; je me trouvais mal, et j'ai envoyé une de mes femmes lui faire des excuses.
- Vous ne vous trouviez donc mal que pour lui, reprit monsieur de Clèves. Puisque vous avez vu tout le monde, pourquoi des distinctions pour monsieur de Nemours ? Pourquoi ne vous est-il pas comme un autre ? Pourquoi faut-il que vous craigniez sa vue ? Pourquoi lui laissez-vous voir que vous la craignez ? Pourquoi lui faites-vous connaître que vous vous servez du pouvoir que sa passion vous donne sur lui ? Oseriez-vous refuser de le voir, si vous ne saviez bien qu'il distingue vos rigueurs de l'incivilité ? Mais pourquoi faut-il que vous ayez des rigueurs pour lui ? D'une personne comme vous, Madame, tout est des faveurs hors l'indifférence.
- Je ne croyais pas, reprit madame de Clèves, quelque soupçon que vous ayez sur monsieur de Nemours, que