Commentaire
Ainsi, à travers la première caractérisation d’Odette. Il apparaît évident que tout est à son encontre. Son physique, sa moralité, son manque d’intelligence et de goût sont autant d’opposants qui créent des obstacles à sa poétisation.
Cependant c’est en dépit de tous ses défauts et de tous les aspects défectueux de sa personnalité qu’Odette est susceptible de devenir un objet d’amour mais à condition que certaines circonstances puissent jouer en sa faveur et c’est à ce moment là que l’art entre en jeu pour donner à Odette son titre de noblesse et la faire entrer dans un monde où elle n’avait pas, jusque là, accès.
C’est l’art qui va venir au secours d’Odette et jouer le rôle d’adjuvant puisqu’il va « apporter l’aide en agissant dans le sens du désir » (5) de Swann.
Pour Swann, l’art et la vie ne font qu’un.
A aucun moment dans Du côté de chez Swann, il ne cherche à dissocier l’art et la vie. Une personne n’est attrayante que si elle rappelle un tableau ou une sculpture. Il n’est pas seulement un esthète amateur, il excelle également dans l’art de capter la beauté des maîtres de la Renaissance italienne dans la vie quotidienne. Ainsi fait-il de la fille de cuisine l’incarnation de la Charité de Giotto. De même, il trouve à son cocher Rémy une ressemblante avec le doge Lorédan d’Antoine Rizzo.
Dès que Swann mêle l’art à la vie, celle-ci est transfigurée et illuminée.
L’art transforme les endroits les plus communs et les personnes les plus vulgaires. C’est à ce titre qu’Odette entre dans son panthéon secret et devient une personne digne d’être aimée. Un soir qu’il était venu chez elle lui montrer une gravure, Odette « frappa Swann par sa ressemblance avec Zéphora, la fille de Jéthro qu’on voit dans une fresque de la chapelle Sixtime ».
Une fois devenue la Zéphora de Botticelli, Odette se trouve affectée d’un signe positif. Au trop par défaut qui marque son premier portrait s’oppose un trop