Commentaire sur le personnage d'hernani
EST-CE QUE LE SIGNE LINGUISTIQUE EST MOTIVÉ?
Jan Holeš
Dans son Cours, Ferdinand de Saussure constate que «le principe de l’arbitraire du signe n’est contesté par personne»1. Il aurait été sans doute étonné de voir le nombre d’ouvrages qui critiquent le principe de l’arbitraire du signe et encore plus étonné devant les congrès internationaux, linguistiques et sémiotiques ayant la motivation pour thème central et devant le nombre toujours croissant d’études qui signalent la présence du principe physei sur tous les niveaux de l’organisation du langage: celui des sons, de la prosodie, de la syntaxe, de la structure sémantique des lexèmes et monèmes grammaticaux. Les deux grands courants qui ont dominé la linguistique dès l’Antiquité jusqu’à nos jours, l’école de physei et celle de thesei, ont disputé l’essence de la langue, se préoccupant de ce que nous appellerions aujourd’hui l’arbitraire de la langue. Or, on peut très bien reconnaître le caractère arbitraire de la langue, comme le font de nombreux linguistes contemporains, et parler toujours de la motivation d’une grande partie du lexique, comme le font souvent les mêmes auteurs, car les termes arbitraire et motivation ne se recouvrent que partiellement. Et pourtant, les deux termes sont souvent confondus. Nous voudrions nous préoccuper de la distinction entre l’arbitrarité et la motivation, de la source de leur confusion. Ensuite nous expliciterons diverses approches concernant la motivation qu’ont divers auteurs étrangers et tchèques. Finalement, nous ajouterons une classification de différents types de la motivation. L’une des sources du débat perpétuel, selon I. Fónagy, réside dans le réseau conceptuel erroné qui sous-tend la controverse: on oppose à la motivation les termes «conventionnel» et «arbitraire» comme des synonymes. Pour I. Fónagy, chaque signe linguistique est, par définition, conventionnel («codé») en tant