Commentaire sur "le joujou du pauvre" de Charles Baudelaire
Le Joujou du pauvre est l'une des pièces du recueil de poèmes en prose intitulé Le Spleen de Paris, écrit par Charles Baudelaire, poète symboliste, entre 1855 et 1864 et publié de façon posthume en 1869. Le terme « Spleen » désigne le mal de vivre, la tristesse du poète confronté aux échecs de toutes natures. Il apparaissait déjà dans le titre d’une des sections des Fleurs du mal- « Spleen et idéal »- recueil publié en 1857 et qui valut à son auteur un retentissant procès pour atteinte à la morale publique. Dans le Spleen de Paris, Baudelaire se propose, à l’imitation d’Aloysius Bertrand , l’auteur de Gaspard de la nuit (1842), d’écrire de la poésie en prose, plus propre selon lui à « s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ». (Extrait d’une lettre à Arsène Houssaye 1862.)
La lecture suscite les réactions suivantes : c’est très bien construit, il y a un message, cela ressemble à une fable. Le ton est très différent du poème de Victor Hugo. Pourquoi est-ce que c’est poétique ? Quel est exactement le message, est-ce qu’il y a un message implicite ? L’étude tentera de traiter ces différentes pistes.
1- Un apologue
La structure du texte en fait un texte didactique très rigoureusement construit. On distingue clairement deux parties à l’énonciation très différente :
a-l.1 à 10 : l’auteur s’adresse au lecteur (Vous) pour lui donner un conseil, conseil qui peut être assimilé à une thèse. « (...) remplissez vos poches de petites inventions à un sol( à un sou)(...) faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. ». Baudelaire conseille donc d’offrir des jouets simples et bon marché aux enfants pauvres.
Les temps verbaux utilisés rendent le passage convaincant : le futur qui présente les faits comme certains (« vous sortirez »- « vous verrez »- « ils n’oseront ») et l’impératif qui rend l’injonction très pressante («