Commentaire senilita, italo svevo
Senilità, Italo Svevo
Grand romancier du XXe siècle, Italo Svevo, de son vrai nom Ettore Schmitz, publia en 1892 Una Vita puis en 1898 Senilità mais ce dernier roman fut confronté à un échec critique et commercial, ce qui poussa l'auteur à renoncer à la littérature pendant près de vingt ans. C'est son professeur d'anglais qui l'incita à reprendre l'écriture, ainsi il connut la célébrité avec son œuvre La Conscience de Zeno en 1923. Dans son deuxième roman, Senilità, l'écrivain raconte l'histoire d'une vie scindée entre amour et jalousie. Emilio et sa sœur Amélie vivent tous deux des passions douloureuses et tourmentées, l'un est transi d'amour pour la jolie Angiolina, et l'autre est amoureuse de Stefano, le sculpteur. Ces amours frustrées acculent les deux protagonistes dans une gangue maladive, dénuée de lucidité où la piété tend à rejoindre la cruauté. Notre étude porte sur le milieu du troisième chapitre où il est question d'un rendez-vous entre les deux amoureux. Au cours de celui-ci, Angiolina s'apprête à faire une révélation à Emilio qui est pour le moins surprenante, et de celle-ci découle la jalousie d'Emilio.
Pour mener à bien notre étude, il serait intéressant de se demander de quelle manière la jalousie est-elle provoquée, exprimée mais aussi interprétée par les deux protagonistes.
Pour cela, il faut s'attarder sur le comportement manipulateur d'Angiolina qui est prépondérant dans cet extrait mais aussi sur la crédulité d'Emilio qui, face à la belle jeune femme, se trouve faible. Enfin, nous observerons les signes de la jalousie qui apparaissent et auxquels Emilio est confronté.
Angiolina et Emilio ont rendez-vous au Champs-de-Mars, et la jeune femme s'apprête à lui faire une révélation. Elle lui fait d'abord part de son chagrin, « Hier, tu ne sais pas comme j'ai pleuré ». C'est ici que sa manipulation commence, elle veut se faire plaindre avant même de lui avoir livré sa déclaration. Cette idée est renforcée par la phrase qui suit