Commentaire Se Ne Que
« La condition humaine »
SÉNÈQUE, Consolation à Marcia,XI
Ce texte est extrait de l’œuvre de Sénèque, Consolation à Marcia, rédigée vers 39-40 après JC, pendant son exil en Corse (accusé d’adultère avec une des sœurs de Caligula). Marcia vient de perdre son fils. En stoïcien convaincu, Sénèque lui rappelle ici la faiblesse et la fragilité de l’homme et lui explique que la mort ne fait que sanctionner la dure loi de la nature.
Dans un premier temps, nous verrons que cette Consolation exclut en réalité tout apitoiement, puis nous montrerons que Sénèque profite de l’occasion pour rappeler à sa destinataire les principes essentiels de la philosophie stoïcienne.
I. UNE CONSOLATION QUI EXCLUT L’APITOIEMENT
A- L’absence de compassion
• On note l’adresse directe à la destinataire et donc sa présence certaine : verbes à la 2ème pers du sg : « nata es », « peperisti » l.2 ; adjectifs possessifs : « tuae (condicionis ) »l.2 et « (filius) tuus »
l. 3) mais on ne trouve aucun terme manifestant la sympathie, la compassion. Il n'y a pas d'apitoiement. • En effet, Sénèque ne ménage pas sa destinataire : nous pouvons noter la présence de phrases interrogatives, notamment au début et à la fin de l’extrait. La première par exemple (« Quae deinde ista tuae publicaeque condicionis oblivio est ? » l.1) prend Marcia à partie et sonne comme un reproche, comme une réprimande presque : connotation péjorative de l’adjectif démonstatif :"ista oblivio". Le ton choisi est vif et brusque. De même le rappel de la mort de son fils à la ligne 2 est assez brutal et sans ménagement : « Decessit filius tuus ».
B- L’habileté rhétorique de Sénèque
• Il y a bien un moment dans le texte où l'on peut percevoir un rapprochement entre Sénèque et sa destinataire grâce à l’emploi de la 1ère pers du pluriel, à la ligne 16 : "Miramur in hoc mortem". Mais il s'agit très certainement d'une habileté rhétorique. Il agit comme si elle avait déjà adhéré au raisonnement qu’il lui