Commentaire lancelot
La traversée du pont correspond à un moment charnière de l’œuvre et de la quête de Lancelot. Ainsi, dans quelle mesure peut-on dire que le récit du Pont de l’Epée repose sur une dialectique du passage ? Nous verrons en quoi il s’agit d’un passage spatial, temporel et symbolique, avant de voir en quoi c’est aussi un passage générique, pour enfin aborder notre extrait sous l’angle du passage métaphysique. Les coutumes apparaissent comme autant de survivances d’un univers ancien, en partie aboli, auquel le roi et ses chevaliers doivent encore se confronter. La coutume est donc profondément liée à l’« aventure » v.3088, la provoque, en proposant un défi au héros qui va et instaurer un temps nouveau. En effet, une fois la coutume levée, les gens de Logres peuvent circuler librement. Le caractère immuable de la coutume est rendu par la métaphore hyperbolique des v. 3050 à 3067 qui intègre la coutume du pont de l’épée au cours naturel de la vie, et la rapproche d’éléments non seulement essentiels, évidents mais fixes, éternels, intemporels: le vent : « les vanz »v. 3052, le chant des oiseaux « oisiax »v. 3054, la « mer », v.3059, la vie v.3056-3057. L’anaphore en « ne » : v.3051, 3052, 3053, 3055, 3056, 3059, et l’anaphore en « Que » : v.3061, 3063 soulignent par leur aspect redondant, le caractère répétitif, intemporel de la coutume du pont. Dès lors le franchissement du pont revient à abolir le cours normal de la vie, le cours des choses, à défaire le temps cyclique imposé par la coutume, à faire entrer la linéarité. Deux temps s’opposent donc dans ce passage faisant du