commentaire la jeune veuve
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Cette fable souriante, inspirée d'Abstémius (« La Femme qui pleurait son mari mourant et son Père qui la consolait ») a toujours frappé les lecteurs de La Fontaine par son humour, sa justesse et la progression dont le texte fait preuve. Plusieurs auteurs, avant le fabuliste de Château-Thierry, ont traité ce sujet (entre autres, Donneau de Visé). Notez spécialement le prologue, tout entier fait de finesse et de légèreté ainsi que la psychologie tranquille du père. Vous vous arrêterez aussi à des vers, particulièrement concis et qui sont une merveille de poésie : « Le deuil enfin sert de parure » ou au raccourci (dans le temps) : « Entre la veuve d'une année / Et la veuve d'une journée / La différence est grande ; on ne croirait jamais / Que ce fût la même personne ». Admirez la manière dont La Fontaine nous propose la progression dans l' attitude de la jeune femme. Comparez aussi la conclusion avec celle que nous propose Bensserade (fable CXCV) : « Un jeune homme bien fait par moi t'est préparé, / Dit un père à sa fille, au deuil qui la consomme, / Pleurant son époux mort. Quand elle eut bien pleuré, / A la fin elle dit : Mon père, et le jeune homme ? » (cité dans « La Fontaine - Ouvres complètes, tome I ; Fables, contes et nouvelles » édition établie, présentée et annotée par Jean-Pierre Collinet ; NRF Gallimard ; Bibliothèque de La Pléiade ; 1991, p. 1161).
La perte d'un époux ne va point sans soupirs ;
On fait beaucoup de bruit ; et puis on se console :
Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole, Le Temps ramène les plaisirs. Entre la veuve d'une année Et la veuve d'une journée
La différence est grande ; on ne croirait jamais Que ce fût la même personne :
L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits.
Aux soupirs vrais ou faux celle-là s'abandonne
C'est toujours même note et pareil entretien ; On dit qu'on est inconsolable ; On le dit, mais il n'en est rien,