Commentaire La cloche fêlée Baudelaire
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Le sonnet intitulé « La Cloche fêlée » se situe à la fin de la section Spleen et Idéal des Fleurs du Mal. Lʼopposition entre ces deux notions, Spleen et Idéal, constitue un des fondements principaux du recueil. En effet, le poète est constamment dominé par une double attraction paradoxale entre lʼIdéal, cʼest-à-dire lʼélévation, la spiritualité, le Bien, la réussite et le Spleen, cʼest-à-dire la chute, lʼennui, le Mal, lʼéchec. Dans « La Cloche fêlée », Baudelaire se représente comme incapable dʼatteindre lʼIdéal. Par conséquent, il se retrouve voué au Spleen. Ainsi, dans cette dualité entre les deux concepts, le Mal finit par lʼemporter. Le poème constitue une pièce charnière dans le recueil puisquʼil permet dʼintroduire toute une série de poèmes dédiés au Spleen. Cette idée de glissement vers le
Spleen se retrouve au niveau de la structure du poème, à travers les différents mouvements du texte. Nous pourrions dire que les deux quatrains constituent un premier temps au cours duquel le poète aspire à lʼIdéal mais que finalement dans les deux tercets, qui constituent un second temps, le poète constate son impuissance et se laisse envahir par le spleen. La discordance entre les deux mouvements est notamment marquée par lʼopposition des champs lexicaux, celui du Bien et de lʼespoir dans un premier temps avec des termes tels que « doux » (v.1), « bienheureuse » (v.5), « bien portante » (v.6) et celui du Mal et du désespoir dans un second temps avec des termes tels que « ennuis » (v.9),
« froid » (v.10), « oublie » (v.12) ou encore « morts » (v.13). Ainsi, le poème poursuit une logique de dégradation. Nous verrons comment Baudelaire consacre ici son renoncement à lʼIdéal et sa condamnation définitive au Spleen, grâce à lʼemploi des figures de style de lʼanalogie mais que malgré tout les parallèles quʼil établit sont audacieux et inattendus et permettent de rattacher le poème à