Commentaire de l' acte iii, scène 7 de turcaret de lesage (1709)
Acte III, scène 7. "Turcaret à l’œuvre"
Explication
Chaque personnage dispose d’une scène au moins où il peut faire la preuve de " talents ", en général condamnés par la morale ou la justice. Dans cette scène, Turcaret est au sommet de son art : ridiculisé jusque là, il acquiert un pouvoir qui le rend d’autant plus effrayant qu’il en jouit. Peinture réaliste du monde des finances et de son impitoyable maître, ce passage parvient pourtant à faire rire le public.
I - Le monde des finances
A. L’argent contre les sentiments Les deux hommes sont dépourvus de sentiments et n’agissent qu’au nom de l’argent. La bonté est ridiculisée : " Trop bon, trop bon ! Eh ! pourquoi diable s’est-il donc mis dans les affaires ? " La pitié est repoussée : " Papier perdu, lettre inutile ". Quant à l’amour conjugal, il est devenu chantage pour les anciens époux: " Elle ne s’en retournera point qu’elle ne soit payée ". La nature humaine paraît rongée par l’argent, qui impose une nouvelle hiérarchie : seul a du pouvoir celui qui est riche.
CCL I : Une humanité cynique, gouvernée par ses intérêts et non par ses émotions. Le règne de l’avoir et non de l’être.
II - Portrait du financier A. De la réalité à la scène
Dans les actes précédents, Turcaret ressemblait aux personnages caricaturaux de Molière. Pour cette scène " technique ", Lesage s’est inspiré de la réalité. Plusieurs modèles ont existé, parmi lesquels le financier Samuel Bernard. D’origine modeste, il est anobli après son entrée dans les affaires. " Banquier de la cour ", il prêta des sommes considérables à Louis XIV et à Louis XV. En l’échange, bien sûr, de preuves publiques de reconnaissance. L’autre financier célèbre est Nicolas Desmarets, neveu de Colbert qui devint contrôleur général des Finances de 1708 à 1715 : on raconte que sa fortune était fondée sur des spéculations inouïes. Turcaret n’est pas une caricature : au contraire, Lesage décrit avec réalisme les