Commentaire de texte laclos
Derrière ce titre Des femmes et de leur éducation sont en fait regroupées trois œuvres de Pierre Ambroise Choderlos de Laclos (1741-1803), auteur des Lumières : deux essais et un discours répondant à la question posée par l’Académie de Châlons — «Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l’éducation des femmes». Ces trois textes n’ont été publiés qu’au XXe siècle.
Le discours d’Académie a été un moyen de promotion littéraire et sociale pour bien des écrivains du XVIIIe siècle. En 1783, quand Laclos entreprend de répondre à la question posée, il n’est pourtant pas un inconnu. Ses Liaisons dangereuses, publiées un an plus tôt, ont suscité un énorme scandale et ont assis sa réputation d’écrivain de talent. Mais la réflexion sur la femme est à la mode et passionne Laclos. À la suite de Thomas (Essai sur le caractère, les mœurs et l’esprit des femmes dans les différents siècles, 1772) et de Diderot (Réponse à Thomas), puis de Mme d’Épinay (Conversations d’Émilie, 1774), Laclos entend lier le problème de la condition de la femme à celui de son éducation.
Nous sommes ici au tout début de la réponse à cette question académique. L’écrivain introduit la question et pose les données du problème. De quelle manière Laclos traite-t-il du thème de l’éducation ? Quel discours propose-t-il pour répondre à l’Académie ?
Nous verrons comment derrière un discours argumenté et efficace (I) se cache une véritable polémique autour de la question féminine (II).
I. Un discours argumenté : pour une efficacité percutante
1. Un discours…
Le texte que nous analysons, même s’il n’a jamais été prononcé, est un discours répondant à la question proposée par l’Académie de Châlon-sur-Marne. Aussi retrouve-t-on les éléments permettant au philosophe des Lumières de mettre en place une situation d’énonciation :
- implication du locuteur // pronoms de la 1ère personne comme « m’ » l.1, « je me » l.17, « je », « il me sera »