Commentaire composé d'un des caractères (hermagoras) de la bruyère
"De la société et de la conversation" (remarque 74)
La Bruyère
Parmi tous les travers d’esprit critiqués par la littérature, le pédantisme est peut-être l’un de ceux que l’on attache le plus à l’humour. À cet égard, le XVIIe siècle s’illustre tout particulièrement, et dans des genres aussi variés que la fable (l’écolier, le pédant, et le maître d’un jardin, La Fontaine), ou le théâtre (les femmes savantes, de Molière). Tandis que le siècle précédent avait vu dans l’érudition l’achèvement parfait de l’intellect humain, le XVIIe s’est ainsi attaché à ses éventuels travers : la pédanterie, le babillage voire l’imposture. Il n’est donc pas étonnant de voir qu’à de multiples reprises, La Bruyère s’est inscrit en adversaire de ces dérives, que ce soit avec le portrait d’Arias, ou celui d’Ascagne. Le livre V des Caractères, intitulé De la société et de la conversation, n’y échappe naturellement pas, et la remarque 76 résume bien l’opinion du moraliste : « C’est la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique (…) » peut-on lire. Celle-ci semble faire écho, d’une certaine manière, à la remarque 74, qui fait le portrait satirique d’un certain Hermagoras, qui, loin d’être inculte, fait néanmoins preuve d’un savoir aussi désuet qu’importun et pédant, doublé d’une ignorance grotesque des réalités de son temps. Ce paradoxe est à considérer à l’aune du titre de la section où elle se situe : le portrait étant construit principalement au moyen du discours rapporté, il est également possible de voir dans cette remarque non seulement la critique d’un savoir superflu, mais aussi une critique de la conversation, dévoyée par le pédantisme. Aussi, par quels moyens La Bruyère joint-il l’humour à la critique, dans cette attaque à la fois morale et satirique du pédant? Le portrait fait preuve d’une certaine vivacité du style, qui renforce l’aspect comique et paradoxal du personnage. Cet aspect comique est renforcé par la satire, toute la critique