Comment devient-on ouvrier?
Gustave Flaubert, dans son dictionnaire des idées reçues définit l’ouvrier comme étant « toujours honnête quand il ne fait pas d’émeutes » illustrant la tradition conflictuelle et revendicatrice de la « classe dangereuse » (L. Chevalier) ; tradition qui semblerait s’effacer devant les « nouveaux mouvements sociaux », post-matérialistes, malgré des conditions de travail, niveaux de salaire… qui pourraient justifier des actions collectives plus nombreuses ou même un taux de syndicalisation plus élevé. Ces phénomènes apparaissent comme des symptômes à l’effritement de la conscience de classe ouvrière. Pourtant, un peu plus de 25% des actifs français occupent aujourd’hui ce métier. Cette position sociale recouvre de multiples fonctions et ne semble plus pouvoir être définie uniquement par un métier, devant l’apparition de nouvelles formes d’organisation du travail et de la production notamment. En effet, une socialisation particulière parait indispensable pour adhérer à ce groupe social spécifique que forment les ouvriers. Il apparait ainsi singulier que l’apprentissage d’un métier ainsi que l’adhésion à une culture particulière par le biais de la socialisation doivent aller de pair pour pouvoir « devenir ouvrier ». Le problème semble d’autant plus intéressant que la question de la fluidité sociale se révèle en filigrane. Par quels moyens adhère-t-on à ce groupe spécifique ? A-t-on vraiment le choix d’y entrer ? Si devenir ouvrier c’est adhérer à un groupe social particulier, par le biais d’une socialisation spécifique, la question de la contrainte ou du choix d’un tel avenir se pose alors.
Devenir ouvrier, c’est adhérer à un groupe social particulier, qui se définit à l’origine par sa position au sein de la division du travail et intégrer une culture particulière par la socialisation. En effet, être ouvrier c’est occuper une fonction sociale particulière. Celle-ci se définit par un emploi salarié et par une utilisation