Colonisation
"La première forme de colonisation, c'est celle qui offre un asile et du travail au surcroît de population des pays pauvres ou de ceux qui renferment une population exubérante.
Mais il y a une autre forme de colonisation, c'est celle qui s'adapte aux peuples qui ont, ou bien un excédent de capitaux, ou bien un excédent de produits.
Et c'est là la forme moderne (...)
Les colonies sont pour les pays riches un placement de capitaux des plus avantageux (...)
Mais, Messieurs, il y a un autre côté plus important de cette question, et qui domine de beaucoup celui auquel je viens de toucher. La question coloniale, c'est pour les pays voués par la nature même de leur industrie à une grande exportation, la question même des débouchés.
Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d'expansion coloniale - celle qui nous a fait aller, sous l'Empire, à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar - je dis que cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention, à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d'abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement (...).
Les nations, au temps où nous sommes, ne sont grandes que par l'activité qu'elles développent; ce n'est pas par le rayonnement pacifique des institutions.
(...) Il faut que notre pays se mette à même de faire ce que font tous les autres et, puisque la politique d'expansion coloniale est le mobile général qui emporte à l'heure qu'il est toutes les puissances européennes, il faut en prendre son parti."
Allocution de Jules Ferry, Journal officiel, séance du 28 juillet 1885 (extraits plus larges de ce discours sur