Cogito
Descartes vécut de 1596 à 1650. Parmi les neuf leçons qui ont été consacrées à son œuvre par le professeur Alquié, le « cogito cartésien » qui retient ici notre attention occupe la cinquième place. C’est dire que l’affirmation « cogito ergo sum », dite néanmoins « première », figure au beau milieu de ces leçons. Il est cependant nécessaire de ne pas attendre la cinquième leçon pour indiquer au lecteur ce que, dans ses grandes lignes, cette affirmation signifie. Comme le précise Alquié, ce « je pense donc je suis » se trouve dans la quatrième partie du Discours de la méthode (1637) et dans la première partie des Principes de la philosophie (1644). Ces ouvrages fournissent directement de précieuses indications.
Considérons d’abord le texte du Discours de la méthode. « Je pris garde », dit Descartes, « que pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose. » Remarquons ici, que, ce dont Descartes affirme d’abord l’existence, c’est son moi, et ce moi, il l’affirme au titre de « quelque chose ». Sur ces points du reste, Descartes ne variera jamais. Toujours le cogito sera affirmation du moi, et toujours le moi sera considéré comme quelque chose, à savoir comme substance pensante , comme res cogitans, ainsi qu’il le dira plus tard.
Descartes remarque alors que la vérité « je pense donc je suis » est si assurée « que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques » ne sont pas « capables de l’ébranler ». Il faut insister sur ceci, car les Principes, sept années plus tard, reprendront presque mot à mot cet argument. « Nous avons tant de répugnance », dira Descartes dans le paragraphe 7, « à concevoir que ce qui pense n’est pas véritablement en même temps qu’il pense que, nonobstant toutes les plus extravagantes suppositions, nous ne saurions nous empêcher de croire que cette conclusion : je pense donc je suis, ne soit vraie. »
Ces textes, à vrai dire, sont déjà, au dire