AUGUSTE Tu tiens mal ta promesse : Sieds-toi, je n'ai pas dit encor ce que je veux ; Tu te justifieras après, si tu le peux. Ecoute cependant, et tiens mieux ta parole. Tu veux m'assassiner demain, au Capitole, Pendant le sacrifice, et ta main pour signal Me doit, au lieu d'encens, donner le coup fatal ; La moitié de tes gens doit occuper la porte, L'autre moitié te suivre et te prêter main-forte. Ai-je de bons avis, ou de mauvais soupçons ? De tous ces meurtriers te dirai-je les noms ? Procule, Glabrion, Virginian, Rutile, Marcel, Plaute, Lénas, Pompone, Albin, Icile, Maxime, qu'après toi j'avais le plus aimé : Le reste ne vaut pas l'honneur d'être nommé ; Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes, Que pressent de mes lois les ordres légitimes, Et qui, désespérant de les plus éviter, Si tout n'est renversé, ne sauraient subsister. Tu te tais maintenant, et gardes le silence, Plus par confusion que par obéissance. Quel était ton dessein, et que prétendais-tu Après m'avoir au temple à tes pieds abattu ? Affranchir ton pays d'un pouvoir monarchique ? Si j'ai bien entendu tantôt ta politique, Son salut désormais dépend d'un souverain, Qui pour tout conserver tienne tout en sa main ; Et si sa liberté te faisait entreprendre, Tu ne m'eusses jamais empêché de la rendre ; Tu l'aurais acceptée au nom de tout l'Etat, Sans vouloir l'acquérir par un assassinat. Quel était donc ton but ? d'y régner à ma place ? D'un étrange malheur son destin le menace, Si pour monter au trône et lui donner la loi Tu ne trouves dans Rome autre obstacle que moi, Si jusques à ce point son sort est déplorable, Que tu sois après moi le plus considérable, Et que ce grand fardeau de l'empire romain Ne puisse après ma mort tomber mieux qu'en ta main. Apprends à te connaître, et descends en toi-même : On t'honore dans Rome, on te courtise, on t'aime, Chacun tremble sous toi, chacun t'offre des voeux, Ta