Ce monologue met en place un cadre spatio-temporel flou. On sait que la scène se déroule en Italie, grâce aux nom « Auguste ». Ce dernier étant un personnage influent dans le pouvoir, la scène se déroulerait à Rome, ce qui n’est véritablement confirmé dans le paratexte. Le cadre temporel reste flou, on sait qu’il s’agit de l’Antiquité, mais il pourrait aussi bien s’agir du époque plus contemporaine à l’auteur. C’est probablement l’effet que voulu faire Corneille, pour que lorsqu’on fait allusion à l’assassinat de Auguste, cela rappelle ceux de Henri III et Henri IV, qui sont très récent, ce qui permet rapprocher la pièce des spectateurs.
La scène d’exposition décrit le rôle et établi les liens entre les personnages principaux de la pièce. Emilie, personnage énonçant ce monologue, nous fait découvrir son profond désir de se venger d’Auguste (« impatient désirs d’une illustre vengeance », » pour une mort, lui [Auguste] devoir mille morts. »), ainsi que son état psychologique, allant de la haine profonde à la crainte de perdre son amour. Malgré cette peur, elle est déterminée. Auguste s’est hissé au pouvoir par l’intermédiaire de l’assassinat de Toranius (« Auguste au milieu de sa gloire »), il est présenté comme l’ennemie juré de Emilie (« assassin », « ennemie »). Cinna et Emilie sont épris l’un de l’autre (« amant »).
Le meurtre de Toranius est à l’origine du conflit et de toute l’intrigue(« « La mort de mon père a formé la naissance » v4). Emilie demande à Cinna de venger son père et sauver son honneur (« Te demander du sang »), il monte donc un complot pour faire assassiner Auguste. La scène d’exposition nous permet de comprendre que toute la pièce tourne autour de cette unité d’action. « L’issue en est douteuse et le péril certain » soulève la question : Est-ce que Cinna va-t-il accomplir son « dessein » ? Les conséquences de cet acte sont cependant certaines, ce qui renvoie à une tragédie. Emilie est hanté par son passé, elle est littéralement obsédée