Un des plus grands noms de la Rome antique, Marcus Tullius Cicero doit cette notoriété à l'étendue et à la variété de son œuvre : des discours d'une brûlante actualité ; une volumineuse correspondance où il commente au jour le jour son action publique, se livre lui-même tout entier, avec ses scrupules, ses incertitudes ; des écrits théoriques où il s'efforce de définir les fondements moraux et métaphysiques de son activité quotidienne. Il est le témoin, l'un des principaux acteurs, il fut enfin l'une des victimes de cette grande mutation qui chez les Romains aboutit alors- pour la première fois, semble-t-il, dans l'histoire humaine- à la constitution d'un État de type moderne, gouverné, administré par des hommes susceptibles de se sentir responsables, voué en principe au bien commun. Enfin, Cicéron est un des hommes de l'Antiquité sur lesquels nous pouvons de façon directe, immédiate, savoir le plus de choses ; en sa personne nous arrivons à voir vivre pendant une trentaine d'années un de nos congénères d'il y a deux mille ans : nous lisons ses lettres, nous entendons sa parole ; c'est une rencontre qu'il n'est pas donné de faire bien souvent.
Premières expériences (106-82 avant J.-C.)
Il est originaire d'Arpinum, petite ville des Volsques, aux confins du pays marse, dans les contreforts de l'Apennin. Depuis 188 avant J.-C., les citoyens d'Arpinum sont Romains de plein droit et participent aux élections de Rome ; mais, si loin malgré tout de la capitale- une centaine de kilomètres-, ils consacrent à leur vie locale une bonne part de leurs activités. Même quand il sera devenu le premier citoyen de Rome, Cicéron se sentira toujours un « provincial », lié de cœur aux intérêts et traditions de la petite bourgeoisie des municipes, un étranger vis-à-vis des grandes familles de la noblesse romaine, mais plein de réserve aussi et parfois désarmé devant l'impulsivité, la versatilité des foules urbaines.
Nous arrivons à entrevoir à travers les propos de son petit-fils