Le point de vue du conquérant
Samedi 13 octobre 1492
Dès l’aube vinrent à la plage beaucoup de ces hommes tous jeunes, comme je l’ai déjà dit, et tous de belle allure. Ce sont gens très beaux. Leurs cheveux ne sont pas crépus mais lisses et beaux comme ceux du cheval. Ils ont tous le front et la tête large, plus qu’aucune race que j’ai vue jusqu’ici, et les yeux très beaux et non petits ; aucun d’aux n’est brun foncé mais bien de la couleur des Canariens – et il ne peut en être autrement puisque cette île est située d’est en ouest sur la même ligne que l’île de Hierro, aux Canaries – ils ont tous semblablement les jambes très droites et le ventre plat, très bien fait.
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Ils vinrent à la nef sur leurs alamadias qui sont faites comme de longues barques, d’un tronc d’arbre tout d’une seule pièce, travaillées à merveille pour ce pays, et si grandes que dans quelques une allaient quarante ou quarante-cinq hommes. D’autres étaient plus petites, et tant que dans certaines d’entre elles ne tenait qu’un seul homme. Ils rament avec une sorte de pelle de boulanger et cela avance à merveille ; et si l’une de ces barques chavire, alors ils se jettent
2 tousàlanage,ilslaretournentetlavidentavecdescalebasses qu’ilsportentsureux.
Ils apportaient des pelotes de coton filé, des perroquets, des
34 sagaies et d’autres petites choses qu’il serait fastidieux d’énumérer. Ils donnaient tout pour n’importe quoi qu’on leur
5 offrît. J’étais attentif et m’employais à savoir s’il y avait de l’or .
Je vis que quelques-uns en portaient un petit morceau suspendu à un trou qu’ils ont au nez et, à forces de signes, je pus comprendre qu’en allant au sud ou qu’en tournant l’île par le sud on allait là où était un roi qui possédait de grands vases d’or et en avait énormément. Je m’efforçai de les convaincre d’y aller, mais je vis
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bientôt qu’ils n’entraient pas dans cette idée. Je déterminai d’attendre jusqu’au lendemain après-midi et de partir ensuite vers le sud-ouest, puisque,