Chouette alors !

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Le film est court, sa simplicité narrative est évidente et sa beauté plastique n'a pas besoin d'artifices inutiles pour impressionner. Comme quoi, il n'y a pas besoin d'en faire trop pour faire un chef d'oeuvre. En tout cas, même après trois visionnages assez rapprochés, je n'en reviens toujours pas. Décidément tout est bon chez Cronenberg et j'ai toujours autant de mal à parler de ses films et à tout saisir. Et La Mouche a beau être un de ses films les plus accessibles, il n'en reste pas moins troublant et parfois assez mystérieux et nébuleux. Le cinéaste réalise ici le remake d'un vieux film fantastique des années 50 (La Mouche Noire de Kurt Neumann) en en faisant un film extrêmement personnel et à la dimension philosophique et humaniste inattendue. Car derrière l'aspect trash-gore grand-guignolesque se dissimule un hymne bouleversant à la tolérance.

Sur le thème difficile de la maladie, Cronenberg, en entomologiste passionné, tisse un scénario très efficace en suivant attentivement la mutation d'un corps, à la manière du Kafka de La Métamorphose. Un corps malmené qui tombe en lambeaux (d'où plusieurs scènes peu ragoûtantes), mutation progressive et sordide, résultat de la fusion entre deux corps - celui d'un homme et celui d'une mouche, suite à une tentavie de téléportation. Comme dans Crash, le corps est la victime à la fois volontaire et involontaire de la technologie. Le réalisateur manifeste une fascination étrange pour la chair, sa maléabilité, son pouvoir, sa déterioration, on retrouve donc évidemment le "style" propre au cinéaste (humour omniprésent, connotations sexuelles, importance de la musique, abus d'effets gore...) et les thématiques cronenbergiennes habituelles (exploration du corps, de ses mutations, ses dérèglements). Mais celles-ci prennent ici une dimension plus métaphysique, entre naturalisme et questionnements humanistes. L'ombre du SIDA plane indéniablement sur La Mouche, que ça soit voulu ou non, et le message devient alors universel,

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