Chant des marais
Loin dans l’infini s’étendent Les grands prés marécageuxPas un seul oiseau ne chanteDans les arbres secs et creuxO terre de détresseOù nous devons sans cessePiocher, piocher !
Bruits de chaînes, bruits des armesSentinelles jour et nuitDes cris, des pleurs et des larmes,La mort pour celui qui fuit
Mais un jour, dans notre vie,Le printemps refleurira.Libre alors, ô ma Patrie,Je dirai : tu es à moi !
O terre d’allégresseOù nous pourrons sans cesseAimer, aimer ! Johann Esser, 1993
« Le chant des marais » est la version française d’une chanson née dans un camp de concentration allemand en 1933, sous le nom de « Chant des soldats du marais ».
« Le chant des soldats du marais » a été composé au camp de concentration de Börgermoor, en Basse-Saxe (Allemagne du nord), dans la région de l’Emsland, située tout près de la mer du nord et de la frontière avec les Pays-Bas.
Le camp de Börgermoor a été ouvert en 1933, comme d’autres camps, pour y interner les opposants au nazisme, ou ceux qui étaient suspectés de leur être hostiles.
Le travail au camp de Börgemoor consiste à drainer les marécages (creuser des fossés) , avec seulement des outils manuels : pelles, pioches, bêches . Le tout sous une discipline de fer, destinée à briser les détenus, assurée alors par les SA, les hommes des « sections d’assaut » d’Hitler.
Les auteurs de la chanson sont 3 détenus qui avaient été arrêtés parce qu’ils étaient adhérents du KPD, le parti communiste allemand : les paroles sont de Johann Esser, mineur dans la Ruhr et poète, et Wolfgang Langhoff, homme de théâtre . La musique est de Rudi Goguel, travailleur du commerce et musicien.
La musique et les chants font partie du quotidien des détenus des camps, puisque les gardiens les obligent à chanter lorsqu’ils partent au travail , et lors des appels (qui servent à compter les détenus et vérifier qu’aucun n’a pu s’évader, mais aussi à les mettre en situation inférieure),
Les gardiens font