Ces enfants
Je voyais aussi, des fenetres de l’ecole, la gare ennuyeuse comme on les faisait dans ce lemps-la, les silos a ble, la citerne a l’eau, une caboose posee sur le sol depuis des annees, le tout peint de cette affreuse couleur sang de bœuf sans vie ni eclat, mais justement parce que sans vie elle devait etre durable, donc economique. Je voyais evidement ce qui predominait, cette grand-rue trop large, sans arbres, presque toujours livree au vent seulement, cette morne grand-rue de terre, plaintive et poudreuse comme celle de presque toue les villages l’Ouest canadien dans cette premiere annee de la Grande Depression. C’était un village de fermiers retires avec tout juste de quoi vivre, decus ou acrimonieux, de vieilles gens casaniers, de petits commerces vivotant miserablement. Il n’y avait a puiser la ni courage, ni confiance, ni espoir en demain. Mais que je me tourne de l’autre cote et tout changeait : a pleins flots l’espoir me revenait; il me semblait faire face a l’avenir, et cet avenir brillait de la lumiere la plus attirante qu’il m’a jamais été accorde de surprendre dans ma vie.
Au fond il n’y avait pourtant par la rien a voir. Ni tout de maison, ni grange, ni meme des ces minuscules greniers a ble comme il y en et partout dans la pleine au temps des trop abondantes recoltes qui ne s’ecoulaient pas.